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Validisme et Sanisme : Quand la société maltraite ceux qui ne rentrent pas dans le moule

Qu'est-ce que c'est que ces p'tites bêtes ?

Le validisme et le sanisme sont deux formes de discrimination qui, bien que différentes, partagent une origine commune : la stigmatisation de ce qui est perçu comme "anormal" ou "déviant" dans notre société. Le validisme se manifeste par une discrimination envers les personnes ayant des handicaps physiques ou mentaux, tandis que le sanisme cible spécifiquement celles souffrant de troubles psychiques ou mentaux. Ces préjugés profondément enracinés affectent les individus mais aussi l'ensemble de la société, influençant des domaines tels que les politiques publiques, l'éducation et le monde du travail.


Validisme et sanisme

Validisme : La discrimination contre les corps différents

Le validisme désigne la discrimination à l’égard des personnes en situation de handicap. En d’autres termes, le simple fait d’être différent physiquement, mentalement ou émotionnellement peut suffire pour être exclu, ignoré ou maltraité par la société.


Sanisme : Quand la santé mentale devient un prétexte à l’exclusion

Le sanisme, quant à lui, vise spécifiquement ceux d’entre nous qui vivent avec des troubles psychiques ou mentaux. Il s’agit de stigmatisation, de préjugés, et même de peur irrationnelle. Cette idée erronée selon laquelle les personnes avec des troubles mentaux seraient dangereuses, imprévisibles, ou incapables de mener une vie normale relève du sanisme pur.


Ces deux monstres ne se contentent pas d'affecter les individus ; leurs répercussions se font sentir à une échelle beaucoup plus large, touchant l'ensemble de la société. Ces attitudes discriminatoires influencent les politiques publiques, l'accès au travail, et même le système éducatif, façonnant ainsi les opportunités et les défis rencontrés par les personnes en situation de handicap ou souffrant de troubles mentaux.


Dans les politiques publiques, que ce soit par omission ou par des lois mal adaptées aux réalités des personnes concernées comme par exemple, les infrastructures urbaines qui sont fréquemment conçues sans tenir compte des besoins spécifiques des personnes en situation de handicap, qu’il s’agisse de l’accessibilité des bâtiments, des transports publics ou des espaces publics. Cette négligence institutionnelle renforce l'exclusion sociale et limite la mobilité et la participation active de ces personnes dans la vie quotidienne.


Sur le plan législatif, bien que des progrès aient été réalisés avec des lois visant à protéger les droits des personnes handicapées, telles que la loi sur l'égalité des droits et des chances en France, l'application et le respect de ces lois restent souvent insuffisants. De plus, le sanisme est rarement pris en compte dans les textes de loi, ce qui laisse un vide juridique important pour la protection des personnes souffrant de troubles psychiques.


L'accès au travail

Le monde du travail est un autre domaine où ils exercent une influence considérable. Les préjugés envers les personnes avec un handicap ou un trouble mental peuvent se traduire par des discriminations à l'embauche, des obstacles à la promotion, ou encore des conditions de travail inadaptées. Par exemple, un employeur peut hésiter à embaucher une personne avec un trouble mental, craignant qu'elle ne soit pas "fiable" ou "productive", sans même chercher à comprendre ses capacités réelles ou à adapter l'environnement de travail.


Cette discrimination systématique réduit non seulement les opportunités professionnelles pour ces personnes, mais elle prive également la société de talents précieux qui pourraient contribuer de manière significative à l'économie et à la diversité culturelle en milieu de travail.


Le fait que le taux de chômage chez les personnes autistes et/ou TDA/H est plus élevé n'est plus un secret.

Selon les estimations, environ 75 à 80 % des adultes autistes sont sans emploi et le taux de chômage parmi les adultes avec TDAH est estimé être environ 2 à 3 fois plus élevé que celui de la population générale, soit entre 14 et 24%. Ces chiffre sont frappant, surtout lorsqu'on les compare au taux de chômage de la population générale, qui se situe autour de 7 à 8 %.

Ces estimations donnent une idée de l'ampleur du problème, même si elles doivent être interprétées avec prudence en raison de la variabilité des données disponibles.


L'éducation

Dans le domaine de l'éducation, le validisme et le sanisme peuvent se traduire par des programmes scolaires qui ne tiennent pas compte des besoins des élèves ayant des troubles de l'apprentissage ou des handicaps mentaux. Les structures éducatives, souvent rigides, sont rarement conçues pour s’adapter aux différentes façons d'apprendre ou de fonctionner. Cela peut conduire à un décrochage scolaire, à un manque de soutien, et à un sentiment d'exclusion chez les élèves concernés.

Les établissements scolaires peuvent également manquer de formation adéquate pour leur personnel afin de les aider à reconnaître et à soutenir les étudiants ayant des besoins particuliers. Ce manque de préparation contribue à renforcer l'exclusion sociale dès le plus jeune âge, posant les bases d'une marginalisation qui persiste à l'âge adulte.


 

Malgré les efforts de sensibilisation, les réactions à l'égard des personnes qui osent parler de leur différence sont souvent ambivalentes. Prenons l'exemple de Greta Thunberg, l'une des figures les plus médiatisées de ces dernières années. Greta a ouvertement parlé de son syndrome d'Asperger, qu'elle décrit comme une source de force dans son combat pour le climat. Pourtant, cette même différence qui l'aide à rester concentrée sur son objectif l'a également rendue vulnérable aux critiques et aux moqueries.


Nombreux sont ceux qui ont utilisé son syndrome d'Asperger pour la discréditer, l'accusant de ne pas être "normale" ou de ne pas pouvoir comprendre pleinement les enjeux qu'elle défend. Ces attaques sont un parfait exemple de validisme et de sanisme : elles montrent à quel point la société a du mal à accepter et à valoriser les personnes qui ne rentrent pas dans le moule de ce qui est considéré comme "normal".


Michael Knowles (commentateur politique américain), lors d'une émission sur Fox News en 2019, Knowles a qualifié Greta Thunberg de "jeune fille suédoise mentalement malade". Cette remarque a été largement critiquée pour son insensibilité et a été perçue comme un exemple flagrant de sanisme, attaquant directement la neurodivergence de Greta pour tenter de discréditer son message.


Donald Trump a à plusieurs reprises moqué Greta Thunberg sur Twitter. Par exemple, après que Greta ait été nommée Person of the Year par le magazine Time en 2019, Trump a tweeté : "So ridiculous. Greta must work on her Anger Management problem, then go to a good old fashioned movie with a friend! Chill Greta, Chill!". Ce commentaire visait à la ridiculiser en dénigrant son engagement et sa passion, en se moquant de son expression émotionnelle, souvent influencée par son autisme.


Jair Bolsonaro (ancien président du Brésil) l'a qualifié de "pirralha", un terme portugais signifiant "gamine" ou "morveuse". Cette remarque visait à la minimiser et à la dénigrer en raison de son jeune âge, tout en ignorant ses arguments et en s'attaquant à sa personne plutôt qu'à son message.


Andrew Bolt (chroniqueur australien) a écrit un article dans lequel il critique Greta en utilisant son autisme pour essayer de la discréditer, qualifiant son syndrome d'Asperger de "désordre psychologique", et insinuant qu'elle était manipulée par les adultes autour d'elle. Ses commentaires ont été critiqués comme étant profondément invalidants et insensibles.


 

Je prends Gretta comme exemple parce qu'il est particulièrement marquant pour moi, non seulement à cause de son impact global, mais aussi en raison d'une expérience personnelle qui m'a touchée de près. Quand je prenais des leçons de conduite, le moniteur la critiquait avec virulence, chaque jour. Il la décrivait comme une "gamine manipulée", qu'elle serait mieux à l'école, que ce n'est pas une gamine qui allait bouleversait les choses, blablabla 🤮


Puis, un beau jour mon compagnon a dû expliquer à ce type pourquoi certaines explications pouvaient parfois me poser problème par manque de clarté. Il lui a dit simplement : "Ma femme est autiste." Il y a eu un moment de silence, je crois qu'il a réalisé soudainement la portée de ses paroles. Il a cessé de parler de Greta. C’était comme s’il venait de comprendre (peut-être) que toutes ces critiques pouvaient directement blesser quelqu’un qu’il avait en face de lui.


Cet incident m’a fait rire (j'avoue) mais aussi prendre conscience à quel point ces attitudes sont profondément ancrées dans notre société, souvent sans que les gens en soient vraiment conscients. Greta, malgré ses accomplissements impressionnants, reste une cible facile pour ceux qui ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre les particularités des personnes autistes. Cette anecdote montre comment la sensibilisation et la confrontation avec la réalité peuvent amener les gens à reconsidérer leurs préjugés.


 

En prenant en compte ces réalités, il devient évident que ces discriminations sont profondément ancrées dans nos structures sociales et culturelles. Leur impact, souvent invisible, est néanmoins destructeur, privant des millions de personnes de leur pleine participation à la société. Il ne s'agit pas simplement de corriger des comportements individuels, mais de repenser collectivement nos normes, nos systèmes et notre manière d'aborder la diversité humaine. Tant que ces préjugés persisteront, ils continueront de limiter les potentialités et de perpétuer des inégalités qui auraient pu être évitées.

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