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Microbiote intestinal et autisme, c'est quoi ce bazar ?!

Dernière mise à jour : 4 mai

Notre microbiome est-il responsable de nos choix alimentaires ?

Microbiome intestinal

Notre corps abrite des milliards de micro-organismes qui influencent tout, depuis notre métabolisme jusqu'à notre humeur. Parmi ces communautés microbiennes, le microbiome intestinal est l'un des plus influents. Mais jusqu'où s'étend cette influence ?

Peut-il aller jusqu'à déterminer nos choix alimentaires ?


Des études récentes, notamment celles portant sur les différences de microbiome entre les personnes autistes et non autistes, ouvrent de nouvelles perspectives sur cette question.


Définition microbiote / microbiome

  • Le microbiome désigne l'ensemble des gènes de ces micro-organismes, ainsi que leur environnement. Cela inclut les organismes eux-mêmes, ainsi que leur matériel génétique et leur habitat.

  • Le microbiote, quant à lui, se réfère spécifiquement à la population de micro-organismes qui résident dans un environnement particulier, comme le microbiote intestinal, le microbiote cutané, etc.


En général, le microbiome et le microbiote sont souvent utilisés de manière interchangeable, mais le terme microbiome met davantage l'accent sur l'ensemble des gènes des micro-organismes et leur interaction avec l'environnement, tandis que le microbiote met l'accent sur les micro-organismes eux-mêmes.


Le microbiome intestinal

un bref aperçu

Tractus digestif

Le microbiome intestinal est composé de bactéries, virus, champignons et autres micro-organismes vivant

dans notre tractus digestif, également appelé système digestif ou appareil digestif, qui est l'ensemble des organes qui participent à la digestion des aliments. Ce système complexe est responsable de la décomposition des aliments en nutriments, que le corps peut ensuite absorber pour obtenir de l'énergie, croître et se réparer. Voici les principales parties du tractus digestif :


  1. La bouche : La digestion commence ici, où les aliments sont mâchés et mélangés à la salive, contenant des enzymes qui commencent à décomposer les aliments.

  2. L'œsophage : Un tube qui relie la bouche à l'estomac, permettant aux aliments mâchés de passer grâce à des mouvements musculaires appelés péristaltisme.

  3. L'estomac : Un organe creux qui mélange les aliments avec des acides et des enzymes gastriques pour les décomposer davantage.

  4. L'intestin grêle : Après avoir quitté l'estomac, le mélange alimentaire entre dans l'intestin grêle où la majorité des nutriments sont absorbés dans le sang. L'intestin grêle est également aidé par les enzymes produites par le pancréas et la bile du foie.

  5. Le gros intestin (ou côlon) : Ce qui reste des aliments passe ensuite dans le gros intestin, où l'eau est absorbée et les déchets solides restants sont transformés en selles.

  6. Le rectum et l'anus : Les dernières parties du tractus digestif, où les selles sont stockées jusqu'à ce qu'elles soient expulsées du corps lors de la défécation.


Le tractus digestif est donc essentiel pour transformer les aliments en énergie et en éléments nutritifs vitaux, tout en éliminant les déchets de notre corps.


Ces micro-organismes jouent un rôle dans

  1. la digestion,

  2. la production de vitamines,

  3. la protection contre les agents pathogènes,

  4. et même la régulation de l'immunité.


Ils influencent notre cerveau et nos comportements via l'axe intestin-cerveau

Cet axe est un concept fascinant qui réfère à la communication bidirectionnelle entre le système digestif et le système nerveux central, notamment le cerveau. Cette relation complexe implique une variété de voies biochimiques, y compris des signaux nerveux, chimiques et hormonaux, qui relient les fonctions cognitives et émotionnelles du cerveau avec les activités périphériques de l'intestin.


axe inaxe intestin-cerveautestin-cerveau
  • Le microbiome intestinal est capable de produire une gamme de neurotransmetteurs, tels que la sérotonine et le GABA, qui jouent des rôles importants dans la régulation de l'humeur et du comportement. Par exemple, il est bien documenté que la majorité de la sérotonine du corps, un neurotransmetteur vital pour réguler l'anxiété et la dépression, est produite dans l'intestin.

  • Les bactéries intestinales influencent également la réponse immunitaire du corps. Une inflammation systémique, souvent stimulée par une dysbiose intestinale, peut avoir des effets sur le cerveau et contribuer à des troubles neurologiques, y compris la dépression et l'anxiété.

  • Le microbiome peut affecter l'axe HPA (hypothalamique-pituitaire-adrénal), un système central de réponse au stress. Des déséquilibres dans le microbiome peuvent perturber cet axe, entraînant des changements hormonaux qui affectent à leur tour l'humeur et le comportement.

  • Le nerf vague, qui court du cerveau à l'intestin, est un canal majeur pour l'information entre le cerveau et le microbiome. Des changements dans le microbiome peuvent altérer les signaux envoyés par le nerf vague, affectant ainsi la santé mentale et les fonctions cérébrales.

  • Le microbiome peut influencer l'intégrité de la barrière hémato-encéphalique, qui protège le cerveau des pathogènes et des toxines circulant dans le sang. Une barrière affaiblie peut rendre le cerveau plus vulnérable aux dommages et aux dysfonctions.


Quelles implications pour la santé mentale et le bien-être

Comprendre l'influence du microbiome sur l'axe intestin-cerveau ouvre des portes pour de nouvelles méthodes de traitement et de prévention pour plusieurs troubles, y compris les troubles mentaux. Les interventions qui visent à restaurer ou à modifier le microbiome, comme les régimes alimentaires spécifiques, les probiotiques et les prébiotiques, pourraient potentiellement aider à gérer ou à prévenir les troubles de l'humeur et du comportement.


L'axe intestin-cerveau souligne l'importance de la santé intestinale non seulement pour le bien-être physique mais également pour la santé mentale, et il continue d'être un domaine riche en recherches avec des implications profondes pour notre compréhension de la santé humaine globale.


Quelle influence sur nos choix alimentaire

Des recherches ont montré que le microbiome peut affecter nos préférences alimentaires de plusieurs manières. Par exemple, certaines bactéries intestinales transforment les fibres en acides gras à chaîne courte, qui non seulement nourrissent d'autres bactéries mais influencent également nos sentiments de satiété et nos choix alimentaires. En outre, le déséquilibre du microbiome (dysbiose) a été lié à des envies de nourriture spécifiques, comme une préférence accrue pour les sucres, ce qui peut conduire à des boucles de rétroaction qui renforcent ce déséquilibre.


Ses Spécificités chez les personnes autistes

Des études récentes ont mis en évidence des différences dans la composition du microbiome intestinal entre les personnes autistes et celles qui ne le sont pas.

Le microbiome intestinal est comme une grande ville peuplée de divers micro-organismes qui vivent dans notre système digestif. Chez chaque personne, la composition de cette "ville" peut varier légèrement. Des recherches ont découvert que chez les personnes autistes, la composition de ce microbiome peut être différente de celle des personnes non autistes.


Ces différences peuvent avoir des effets intéressants et importants. Par exemple, elles pourraient influencer les habitudes alimentaires. Certaines personnes autistes peuvent avoir des préférences très spécifiques pour certains aliments ou avoir des difficultés avec certains types de nourriture, ce qui est parfois vu dans des régimes alimentaires très restreints ou dans des sensibilités particulières à certaines textures ou goûts alimentaires.


On pense que ces particularités alimentaires pourraient être une manière pour le corps de répondre aux besoins uniques posés par la composition spécifique du microbiome. En quelque sorte, le corps cherche à s'ajuster pour mieux répondre à ses besoins nutritionnels ou à ses particularités sensorielles à travers ce que la personne choisit de manger ou évite.


Ses implications pour les interventions alimentaires

Cette compréhension du rôle du microbiome pourrait ouvrir la voie à des interventions alimentaires personnalisées. Par exemple, la modulation du microbiome par des probiotiques, des prébiotiques ou des régimes spécifiques pourrait aider à améliorer non seulement la santé gastro-intestinale, mais également les comportements alimentaires et globalement la qualité de vie des personnes autistes.


Questions/Réponses

Je suis autiste et j'avais tout de même quelque questions à ce sujet.



En effet, quand je mange des légumes, j'ai des problèmes intestinaux importants (et manger des trucs verts 🤢), les produits laitier me donnent des crampes abdominales terrifiantes. Je mange relativement gras et sucré et je suis instinctivement attirée par ce genre de nourriture, je n'ai pas de problème de poids (pas plus que d'autre, 5kg de trop tout au plus) je n'ai pas de diabète et quand je me nourrie mal, mon transit est "presque" bien, en tout cas mieux que quand je mange sainement.


Ma première question :

Est-ce que cela est du à mon microbiome ?


Réponse :

Les symptômes que vous décrivez peuvent effectivement être liés à la composition de votre microbiome intestinal. Chez les personnes autistes, comme mentionné précédemment, le microbiome peut différer de celui des personnes non autistes, et cela peut influencer de manière significative la digestion et la réaction du corps à certains types d'aliments.


Voici quelques points clés à considérer :

  • Sensibilités alimentaires et microbiome : Si votre microbiome a une composition unique, il se peut qu'il réagisse différemment à certains aliments. Par exemple, les légumes et les produits laitiers peuvent provoquer des réactions négatives si votre microbiome ne contient pas suffisamment de bactéries capables de digérer efficacement ces aliments, ou s'il réagit de manière excessive à certaines substances qu'ils contiennent.

  • Attirance pour les aliments gras et sucrés : Le microbiome peut influencer les envies alimentaires. Certaines bactéries sont connues pour favoriser une préférence pour les aliments riches en graisses et en sucres car ces aliments les aident à prospérer. Si ces types de bactéries sont plus présents dans votre microbiome, cela pourrait expliquer votre attirance instinctive vers ces aliments.

  • Digestion et transit : Il est intéressant de noter que vous vous sentez mieux avec un régime moins sain selon les normes habituelles. Cela pourrait indiquer que votre microbiome est actuellement adapté ou a évolué pour mieux gérer ce type de régime. Modifier votre alimentation de manière drastique peut perturber cet équilibre, entraînant des problèmes digestifs.


Que pouvez-vous faire ?

Il serait bénéfique de consulter un professionnel de santé qui comprend les interactions entre l'autisme, le régime alimentaire, et le microbiome. Un nutritionniste, un gastro-entérologue, ou un médecin spécialisé dans l'autisme pourrait vous aider à :

  1. Analyser votre microbiome : Des tests spécifiques peuvent aider à comprendre sa composition et à identifier les déséquilibres.

  2. Adapter votre régime alimentaire : Basé sur les résultats, un régime personnalisé peut être développé pour minimiser les symptômes digestifs tout en satisfaisant vos besoins nutritionnels.

  3. Supplémentation probiotique ou prébiotique : Ces suppléments peuvent aider à rééquilibrer le microbiome pour améliorer la digestion et réduire les sensibilités.

Chaque personne est unique, surtout dans le contexte de l'autisme, il est donc important de trouver une approche qui respecte vos particularités individuelles tout en soutenant votre santé globale.


 

Ma deuxième question :

Etant donné qu'il n'y a pas d'impact négatif sur ma santé, est-ce utile de me conformer à la norme ?


Réponse :

Votre question soulève un point très important sur l'individualité dans la gestion de la santé et du bien-être. Si votre régime alimentaire actuel ne cause pas de problèmes de santé apparents, comme le surpoids significatif, le diabète, ou d'autres complications, et si vous vous sentez globalement bien, il n'est pas nécessairement obligatoire de vous conformer strictement aux normes alimentaires générales. Voici quelques éléments à considérer :


Écoutez son corps

Ecouter son corps

Votre corps est unique, et la manière dont vous réagissez à certains aliments ou régimes peut différer de celle d'autres personnes. Écouter votre corps et observer comment il réagit à différents aliments est crucial. Si vous vous sentez bien avec votre régime actuel et que vous ne rencontrez pas de problèmes de santé, cela peut être un indicateur que ce régime vous convient.



Nutrition équilibrée

Manger sainement

Il est toujours important de s'assurer que vous obtenez les nutriments nécessaires pour maintenir votre santé à long terme. Même si un régime riche en graisses et en sucres ne pose pas de problème immédiat, il est bon de vérifier que vous recevez également une quantité suffisante de vitamines, de minéraux, de fibres, et d'autres nutriments essentiels. Un bilan nutritionnel avec un professionnel pourrait vous aider à vous assurer que rien d'important ne manque.


Surveillance à long terme

Même en l'absence de problèmes immédiats, les habitudes alimentaires peuvent avoir des effets à long terme sur la santé. Il est judicieux de continuer à surveiller votre santé avec des examens réguliers. Cela inclut des bilans de santé généraux avec votre médecin, qui peuvent aider à identifier les problèmes avant qu'ils ne deviennent sérieux.


Bien-être mental et émotionnel

Bien-être mental et émotionnel

Le bien-être ne se limite pas à la santé physique. Si suivre un régime très contrôlé vous stresse ou vous rend malheureux-se, cela peut également affecter votre santé mentale. Trouver un équilibre qui vous permet de profiter de la vie tout en restant en bonne santé est essentiel.


Personnalisation de votre approche

Si vous décidez d'explorer des changements dans votre alimentation, il pourrait être utile de le faire graduellement et de personnaliser votre approche en fonction de ce qui fonctionne le mieux pour vous. Par exemple, vous pourriez expérimenter l'introduction de certains légumes ou alternatives aux produits laitiers d'une manière qui ne déclenche pas de symptômes digestifs.


En résumé, il n'y a pas de réponse unique à la question de savoir si vous devriez vous conformer à la norme. La décision dépend de nombreux facteurs, y compris votre état de santé actuel, vos réponses alimentaires personnelles, et votre qualité de vie. Considérer ces aspects avec l'aide d'un professionnel de santé pourrait vous fournir une orientation plus personnalisée et appropriée.


 

Conclusion


Les preuves s'accumulent en faveur de l'idée que notre microbiome joue un rôle significatif dans nos choix alimentaires. En comprenant mieux les interactions entre le microbiome intestinal et le comportement, notamment chez les personnes TSA, nous pourrions développer des stratégies plus efficaces pour améliorer la santé et le bien-être à travers l'alimentation.


L'approche de l'alimentation, surtout dans le contexte des différences individuelles telles que celles observées chez les personnes autistes, devrait être personnalisée et adaptée aux besoins spécifiques de chaque personne. Mon expérience montre que ce qui fonctionne pour les uns ne fonctionne pas nécessairement pour les autres, et il est crucial de trouver ce qui convient à notre corps et à notre santé.


 

Approfondir le sujet





 

Recherches & études

Voici quelques études récentes concernant les différences dans le microbiome entre les individus autistes et non autistes. Elles sont en anglais, mais les navigateurs traduisent 😜


  • Une méta-analyse a examiné 10 études et 15 grands ensembles de données, révélant que les microbiomes des enfants autistes et non autistes sont effectivement différents. Cette analyse a montré des divergences dans les métabolites produits par les voies métaboliques microbiennes et cérébrales entre les enfants autistes et non autistes​ (Spectrum | Autism Research News)​.


  • Une étude spécifique a trouvé que le phylum Bacteroidetes et le genre Bacteroides étaient significativement plus représentés chez les individus avec TSA (Trouble du Spectre Autistique). L'étude a également exploré les conséquences fonctionnelles de cette surabondance chez des souris nouveau-nées, montrant des dysfonctions comportementales chez les souris traitées avec Bacteroides fragilis​ (Neuroscience News)​.


  • Une autre recherche a utilisé une approche computationnelle pour re-analyser 25 ensembles de données précédemment publiées contenant des informations microbiomiques et autres « omiques », montrant des profils moléculaires et microbiens associés au TSA. Cette étude a révélé une architecture fonctionnelle le long de l'axe intestin-cerveau qui correspond à l'hétérogénéité des phénotypes du TSA​ (Neuroscience News)​.


Ces études offrent un aperçu de comment les différences dans le microbiome peuvent être liées aux caractéristiques du TSA, soulignant l'importance d'une approche personnalisée pour comprendre et traiter les troubles du spectre autistique.

 

Check conclusion

 

Voilà, voilou les p'tits loups.

@ très bientôt !



1 Comment

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Guest
Apr 29
Rated 5 out of 5 stars.

Très intéressant

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