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Décryptage d'un débat complexe : l'impact des écrans sur le TDAH

Dernière mise à jour : 7 janv.

Je lis souvent des débats passionnés entre parents sur l’impact des écrans sur les enfants, en particulier ceux ayant un TDAH. Certains considèrent que les écrans exacerbent les symptômes, tandis que d'autres pensent qu'il s'agit surtout d'une peur infondée, voire d'un mythe. Alors, que faut-il vraiment en penser ? Les écrans sont-ils un facteur aggravant du TDAH, la cause ou leur influence est-elle surestimée ? Pour tenter de répondre à cette question, il est essentiel de s'appuyer sur les recherches et d'examiner à la fois les faits et les opinions.


 

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Le développement technologique a changé notre quotidien de manière spectaculaire, et les écrans occupent désormais une place centrale dans la vie des adultes et des enfants. Télévisions, smartphones, tablettes, ordinateurs : nous sommes constamment entourés d’appareils numériques. Mais quels effets ces technologies ont-elles sur les enfants, en particulier ceux présentant des troubles neurodéveloppementaux tels que le Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) ? Le débat sur l'impact des écrans dans le développement cognitif et social des enfants, notamment ceux avec un TDAH, est complexe et largement controversé.


1. Les études suggérant un lien entre écrans et TDAH


Plusieurs études ont exploré les liens possibles entre l’utilisation excessive des écrans et l’aggravation des symptômes du TDAH chez les enfants. Ces études mettent souvent en avant deux points principaux :


  1. la distraction constante

  2. la baisse de la capacité de concentration.


Les enfants avec un TDAH ont déjà tendance à être distraits par des stimuli externes, et les écrans exacerbent souvent ce phénomène. L’excès de multitâche numérique, comme passer rapidement d’une application à une autre ou d’un jeu vidéo à des vidéos YouTube, peut renforcer cette tendance à la distraction et rendre difficile le retour à des tâches nécessitant une attention soutenue.


Une étude publiée dans JAMA Pediatrics en 2018 a révélé qu'une exposition prolongée aux écrans est associée à un risque accru de développer des symptômes du TDAH. Les enfants passant plus de deux heures par jour devant un écran ont montré des signes d'agitation et de difficulté à rester concentrés. Cela suggère que le temps d’écran pourrait accentuer l'impulsivité et l’hyperactivité chez certains enfants.


Conséquences sur le sommeil

Ces enfants ont souvent des difficultés à trouver un rythme de sommeil régulier, et l'utilisation excessive des écrans peut aggraver ce problème. L’exposition à la lumière bleue des appareils numériques avant le coucher retarde la production de mélatonine, l'hormone qui aide à réguler le sommeil. Le manque de sommeil est directement lié à une aggravation des symptômes du TDAH, car il affecte la régulation des émotions, la capacité d'attention et le contrôle de l’impulsivité.

Mais pourquoi les écrans, et en particulier leur lumière bleue, sont-ils si problématiques pour ces enfants ?


Une exposition à cette lumière artificielle en soirée retarde la libération de la mélatonine, rendant plus difficile l’endormissement et perturbant ainsi le cycle de sommeil.


Une étude publiée dans le Journal of Clinical Sleep Medicine (2018) a mis en évidence que l'exposition aux écrans avant le coucher supprime la production de mélatonine, retardant l'endormissement chez les enfants. Ce phénomène est particulièrement problématique pour les enfants TDAH, qui sont déjà prédisposés à des troubles du sommeil. Ces enfants ont besoin de routines de sommeil régulières pour mieux gérer leurs symptômes, mais l'exposition excessive aux écrans vient perturber cette régularité importance d'un sommeil de qualité.


Les enfants qui dorment mal sont plus susceptibles de présenter une régulation émotionnelle déficiente, une diminution de l’attention et une augmentation de l’impulsivité le lendemain. Une étude menée par l'Université de Californie à Irvine en 2017 a montré que la suppression de la lumière bleue avant le coucher améliore la qualité du sommeil et la capacité des enfants à gérer leurs émotions et à se concentrer pendant la journée.


Une autre étude publiée dans le Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry en 2019 a montré qu'un temps d'écran prolongé le soir est associé à une augmentation des symptômes du TDAH. Les enfants exposés aux écrans après le dîner ont montré des niveaux plus élevés d'inattention et d'impulsivité le lendemain.


Recommandations pour les parents


Il est important pour les parents de trouver un équilibre dans l’utilisation des écrans par leurs enfants. Voici quelques recommandations basées sur les études actuelles :


  1. Il est conseillé de réduire ou d’éliminer l’utilisation des appareils numériques au moins une heure avant d'aller se coucher. Cela aide à restaurer un rythme naturel de production de mélatonine et favorise un meilleur endormissement.

  2. Plutôt que de permettre l'utilisation des écrans avant de dormir, il est recommandé de proposer des activités comme la lecture d’un livre ou des jeux calmes pour aider à préparer l’enfant au sommeil.


  3. Si les écrans sont utilisés en journée, il est préférable d’opter pour des contenus éducatifs, interactifs, ou qui stimulent la créativité et la réflexion, plutôt que des jeux trop stimulants ou des vidéos passives.


  4. Les enfants TDAH tirent un grand bénéfice d'une routine de sommeil stricte. Se coucher à la même heure chaque soir aide à réguler le cycle de sommeil, ce qui contribue à une meilleure gestion des symptômes.


2. Les études nuançant le lien entre écrans et TDAH


Bien que certaines études mettent en évidence une corrélation entre temps d’écran et symptômes du TDAH, d’autres recherches nuancent ces conclusions.


Une étude menée par Amy Orben et publiée dans Nature Human Behaviour en 2019 a montré que l’utilisation des écrans a un impact négligeable sur le bien-être psychologique des adolescents, et cet effet était comparable à d’autres activités quotidiennes comme le fait de manger des pommes de terre. Ce type de recherche suggère que ce n’est pas l’utilisation des écrans en soi qui pose problème, mais plutôt la manière dont ils sont utilisés, ainsi que le contexte dans lequel les enfants interagissent avec ces technologies.


Une étude de l'Université d'Oxford a révélé que le contenu visionné sur les écrans est principalement mis en cause. Si les enfants passent beaucoup de temps sur des jeux vidéo violents ou des applications de divertissement passif, cela peut effectivement avoir un effet négatif sur leur comportement et leur attention. En revanche, des contenus interactifs, éducatifs et bien encadrés par les parents peuvent avoir des effets positifs sur l'apprentissage et le développement cognitif, y compris chez les enfants TDAH.


Les applications éducatives, lorsqu’elles sont utilisées de manière modérée, peuvent constituer un outil de soutien. Par exemple, des applications comme Kogia ou HappyNeuron sont conçues pour améliorer la capacité de concentration grâce à des exercices cognitifs, tandis que des programmes comme Petit BamBou ou Breathe, Think, Do avec Sesame aident les enfants à mieux comprendre et gérer leurs émotions.


  • Kogia : une application francophone dédiée aux exercices de concentration et de mémorisation, souvent utilisée pour aider les enfants avec des troubles de l'attention.


  • HappyNeuron : propose des jeux cognitifs visant à renforcer diverses capacités mentales, y compris l'attention, la mémoire et la concentration. L'application est disponible en français.


  • Petit BamBou : une application de méditation et de pleine conscience, largement utilisée dans le monde francophone pour aider les enfants à se concentrer et à mieux gérer leurs émotions.


  • Breathe, Think, Do avec Sesame : une application pour les enfants qui les aide à apprendre à respirer pour se calmer, à réfléchir et à résoudre des problèmes émotionnels, adaptée pour le jeune public.


En d'autres termes, les écrans peuvent être utilisés de manière constructive, à condition qu'ils soient bien intégrés dans la vie quotidienne de l'enfant.


3. Les facteurs externes


Au-delà des écrans, d'autres facteurs environnementaux, tels que le stress prénatal, les toxines environnementales, ou encore les facteurs génétiques, sont des contributeurs bien documentés au développement du TDAH. Il est donc essentiel de ne pas réduire l’apparition ou l’aggravation des symptômes du TDAH uniquement à l’utilisation des écrans.


Des études montrent que le cerveau des enfants atteints de TDAH présente des différences structurelles et fonctionnelles par rapport à celui des enfants sans ce trouble. Les IRM cérébrales révèlent des anomalies dans plusieurs régions du cerveau, notamment dans les lobes frontaux, responsables de la planification, de l'organisation et du contrôle de l'impulsivité. D'autres recherches indiquent une réduction du volume de certaines régions, comme les ganglions de la base et le cervelet, qui sont impliqués dans la régulation des mouvements et de l'attention.


Ces différences cérébrales pourraient être exacerbées par des facteurs environnementaux. Par exemple, les enfants exposés à un stress prénatal, en raison de troubles psychologiques maternels, présentent un risque accru de développer des troubles neurodéveloppementaux, tels que le TDAH. L’exposition à des produits chimiques dans l’environnement, comme les perturbateurs endocriniens, peut également affecter le développement du cerveau dès les premières étapes de la gestation. Ces substances peuvent altérer le développement de circuits neuronaux, augmentant ainsi la vulnérabilité à des troubles cognitifs et comportementaux.


Il est donc important de comprendre que ces facteurs environnementaux, en plus de la prédisposition génétique, jouent un rôle fondamental dans le développement du TDAH, bien au-delà du simple usage des écrans. Les IRM cérébrales apportent des preuves solides que les enfants avec un TDAH ont un cerveau qui se développe différemment, et ces différences peuvent être influencées par des facteurs externes tout au long de leur développement.


 

4. Recommandations pour les parents d'enfants TDAH

Bien que les études fournissent des pistes précieuses sur l'impact des écrans et des facteurs environnementaux, la gestion du quotidien avec un enfant TDAH repose avant tout sur du bon sens. Chaque enfant est unique, et ce qui fonctionne pour l’un peut ne pas convenir à l’autre. Limiter l'exposition aux écrans, instaurer une routine de sommeil régulière et privilégier des activités variées et stimulantes sont des mesures de bon sens qui, avec de l’observation et de l’adaptation, aideront à trouver un équilibre pour accompagner l’enfant au mieux.


  • Encadrer et limiter le temps d'écran

L'Académie Américaine de Pédiatrie (AAP) recommande de limiter le temps d’écran à une heure par jour pour les enfants de 2 à 5 ans, et de veiller à ce que le temps d’écran pour les enfants plus âgés ne remplace pas d’autres activités importantes comme le jeu physique, la lecture ou les interactions sociales.


  • Choisir des contenus interactifs et éducatifs

Plutôt que d'interdire complètement l’utilisation des écrans, il peut être plus efficace de sélectionner des contenus qui stimulent le développement cognitif et les compétences sociales. Par exemple, des jeux qui demandent de la réflexion, de la patience ou de la résolution de problèmes peuvent aider à développer ces capacités.


  • Éviter les écrans avant le coucher

Il est recommandé d’éviter les écrans au moins une heure avant le coucher pour éviter les perturbations du sommeil. Favorisez des activités apaisantes comme la lecture d’histoires ou des jeux calmes avant d’aller au lit.


  • Encourager des pauses régulières

Il est donc conseillé prendre des pauses régulières, environ toutes les 30 à 45 minutes, pour pouvoir se dégourdir les jambes et se reposer les yeux.


 

Conclusion

L'impact des écrans sur les enfants TDAH est loin d'être un sujet simple ou unanime. Ce qui semble clair, c'est que l'exposition excessive et non régulée aux écrans peut aggraver certains symptômes du TDAH mais n'en sont pas la cause. Un usage modéré, bien encadré et axé sur des contenus éducatifs peut offrir des avantages, notamment en matière d'apprentissage.


Comme pour tout, l’équilibre est essentiel et une simple question de bon sens. Les parents d’enfants avec un TDAH doivent veiller à intégrer les écrans dans une routine structurée qui n'exclut pas les interactions sociales, le jeu physique, et d'autres formes d'apprentissage essentielles au développement global de l’enfant.

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